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Les voiliers ont-ils une âme, un sexe?  (5 minutes de lecture)   
 

Ça m'a fait sourire en lisant le message de Christian Drolet qui parle de son bateau en le désignant comme sa maîtresse. J'ai lu dernièrement un livre d'Isabelle Autissier dans lequel elle expliquait que les voiliers ont un sexe. Certains seraient des voiliers mâles et d'autres femelles, selon elle en tout cas.

 

Isabelle Autissier

 

Mais alors les bateaux ont-ils une âme? Peut-être, en tout cas en ce qui concerne selon moi les voiliers. Pourquoi alors? Quelles différences y a t-il entre les voiliers et les bateaux moteurs? Un cruiser peut être lent ou rapide, bruyant ou silencieux, rutilant ou sobre, grand, petit, coloré etc... tout comme un voilier. Mais la différence d’après moi se trouve dans ce que le marin éprouve lorsqu'il navigue.

 

Un cruiser se conduit et subit la mer selon les conditions, alors qu'un voilier sous voile danse avec elle, et alors le marin le «sent» et le «ressent». Chaque voilier a ses caractéristiques propres, ses humeurs selon les éléments auxquels il fait face, ses tics, ses défauts et qualités. Au bout d'un moment, on entre en symbiose avec lui. On le «ressent» dans toutes ses membrures et on pourra percevoir lorsqu'il souffre, lorsqu'il est bien. On pourra même déterminer sa vitesse sans regarder le compteur au seuls sons qu'il fait, et ça, au quart de nœud près. On mettra des années à bien le connaître et nous ne le connaîtrons probablement jamais parfaitement, mais par dessus tout, le bateau nous parlera et nous apprendrons à le comprendre et à l'écouter.

 

Sir Francis Chichester

 

Cette synergie si particulière entre le marin et son voilier peut apparemment prendre des proportions incroyables lorsqu'un navigateur solitaire fait de longs voyages avec lui. Leurs livres en parlent tous, et cela relève parfois du mysticisme. Slocum, Tabarly, Moitessier, Gélinas, Chichester, pour ne nommer que ceux-là, tous l'ont vécus et ont du mal à l'expliquer. Par exemple Chichester lors d'une course transatlantique qui dormait à poings fermés et qui se réveilla tout à coup, ressentant un malaise soudain dans la marche de son bateau. Quelque chose n'allait pas dans sa façon de bouger, comme si, je le cite «il renâclait à avancer», et il ne pouvait l'expliquer. Il monta alors sur le pont pour découvrir droit devant, des rochers à quelques encablures!

 

Un événement similaire est arrivé à Pierre Auboiroux sur son petit Néo-Vent et il le raconte dans son excellent livre «Seul sur les océans». Le bateau refusait de conserver son cap. Il avait beau réajuster sa course, à chaque fois qu'il retournait dans sa couchette, le bateau changeait de cap. Découragé et épuisé, il finit par se relever et retourner à la barre. Quelques heures plus tard, une île droit devant qui ne devait pas se trouver là fit son apparition. En fait il s'était trompé d'une journée dans ces éphémérides lorsqu'il avait fait le point au sextant. Après avoir changer de cap pour éviter l’obstacle, le bateau redevint docile et il put enfin aller dormir.

 

Néo-Vent ( Pierre Auboiroux )

 

Est-ce là des fabulations venant d'hommes ayant passés trop de temps seuls avec eux-même sur leurs bateaux? Est-ce que tous ces événements pourraient être expliqués autrement et de façon plus logique? Peut-être, mais une chose est certaine, les hommes depuis les premiers qui ont creusés des tronc d'arbres pour naviguer, ont dessinés sur leurs bateaux des yeux pour qu'ils voient, leurs ont sculpter des têtes ou des figures de proues, les ont baptisés et les ont fait bénir selon leur croyances et religions. Et que dire des bateaux «maudits», dont les légendes et histoires tragiques ont habités toute l'histoire maritime depuis des temps immémoriaux?

 

Moi sur Aloha 1

 

Une chose est certaine à mes yeux. Bien qu'on soient pragmatiques, athées, sceptiques et de l’ère dite «moderne», qui a posséder un voilier et a naviguer avec lui un certain temps, peut très bien en tomber vraiment amoureux. Moi j'ai nommé le miens Aloha 1, car il avait été baptisé Aloha par son ancien propriétaire, et pour l'enregistrer au Fédéral, il m'a fallu rajouter le un, car changer un bateau de nom porte malheur il parait. C'est apparemment une offense qu'il pourrait ne jamais vous pardonner et qu'il vous fera regretter. Mais bon, je suis un homme sensé et pas superstitieux... mais cessons d'évoquer ces légendes et croyances... ça porte malheur!

 

Aloha 1 est un lourdaud avec ces 10 000 livres. Ses voiles ont étés taillées à son image. Elles sont lourdes et sont comme des tôles, ce qui en fait un gros paresseux par faible brise, mais il s'anime aussitôt que le vent forcit, et il peut rendre la monnaie à des plus grands et plus légers que lui par bonne brise. Il a survécut à l'incendie de Lighthouse Marina et en arbore fièrement les cicatrices comme des tatouages indélébiles. Il n'est pas coquet. Avec sa quille modifié qui pèse 4500 livres, il n'est pas un gîtard, et alors que la marina est sous un nordet et que tous les autres, même plus gros et plus lourds dansent la danse de St-Guy à quai, lui, bouge à peine. Lorsqu'il est poussé au maximum, il s'accote sur sa joue à 25dgs de gîte et fonce comme un bulldozer.

 

Oui, c'est clair dans mon esprit, Aloha 1 est un bateau gars! Si vous en avez possédé ou en possédez un, est-ce un bateau gars ou fille? Pouvez-vous expliquer pourquoi?

 

Le Poète

 

Alain Lavoie

 

#voilier #récit #légende #aventure #bateau

 

Tag(s) : #Articles
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