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Le Déluge du Saguenay (Aloha 1, Tadoussac 19-20 Juillet 1996) (18 minutes de lecture)

  Bien que ces événements se soient passés, il y a maintenant plus de vingt ans, ils sont encore très nets dans mon esprit, comme dans celui de ma compagne. Ce que nous avons vécu à la marina de Tadoussac durant ce fameux déluge, n’est assurément rien en comparaison aux tragédies qui ce sont passé plus haut dans le Saguenay, mais comme navigateurs, je crois que ça pourrait tout de même vous intéresser. Il se peut qu’il se glisse quelques erreurs, par exemple les heures exactes des faits, mais de mémoire je vais essayer de vous raconter le plus précisément possible.

 

  Pour ces vacances de deux semaines, j’avais invité un ami cette année-là, et nous étions donc trois à bord d’Aloha 1, Claire, moi et Normand. J’avais alors 29 ans. Partis de Sorel, nous étions arrivés le 18 juillet à la marina de Tadoussac. Pour fêter en beauté notre arrivée, nous étions sortis ce soir-là danser, et c’est pas mal éméchés que nous sommes rentrés au bateau vers les 3 h du matin. C’est donc avec un certain mal de cheveux, surtout moi et Normand, que nous nous sommes réveillés le matin du 19. Pour ceux qui connaissent la marina, Aloha 1 était amarré à l’intérieur d’un des quais qui font face à la plage. Nous avions à l’épaule, donc attaché à Aloha 1, un Alberg 30, donc 2 bateaux de 4500 kilos sur mes amarres.

 

  Il pleuvait, et moi et Claire avions décidé d’aller déjeuner-diner au restaurant de la marina, tandis que Normand voulait encore dormir. En descendant du bateau, je m’aperçois que mon amarre arrière avait été déplacée et était maintenant à 90 degrés directement de mon arrière. Un peu énervé, car il commençait à venter et j’avais ce mastodonte à l’épaule, j’ai remis l’amarre en biais comme il faut, et nous sommes montés en haut. Il devait être un peu passé midi lorsque je suis redescendu sur les quais, laissant Claire au chaud. Il pleuvait de plus en plus fort et le vent avait augmenté dans les 20-25 nœuds.

 

  En arrivant à mon bateau, je constate que mon amarre arrière avait encore été déplacée. Furieux, j’entreprends de la replacer, quand le monsieur du gros cruiser qui était juste devant sort en trombe par sa porte-patio et m’invective. Hey! Qu’il me cri… tu ne vois pas que ton amarre bloque l’entrée de mon bateau? On va tomber et se blesser! J’ai alors tenté de lui expliquer que j’ai deux bateaux de 10 000 livres sur ces amarres, et comment on attache un bateau, mais il ne voulait rien comprendre. En ce lendemain de veille, je ne devais pas avoir beaucoup de patience. J’ai arrêté de m’obstiner, me suis avancé vers lui le doigt pointé, et lui ai dit quelque chose comme : ‘’Si tu touches encore à mon amarre, je te câli…mon poing sa yeule!’’. Traduction pour mes amis Français, ‘’ Si tu touche encore à mon amarre, je te met mon poing dans la figure!’’ Pas très élégant je vous l’accorde, mais ça avait le mérite d’être clair! J’étais d’ailleurs très sérieux en disant çà, et il l’a bien compris, parce qu’il a retraité dans son palace flottant en me faisant un signe disgracieux, et en claquant sa porte-fenêtre. Effectivement, il n’a pas retouché à mon amarre par la suite.

 

  Vers les 14h, le vent avait encore augmenté, dans les 30 nœuds, et la pluie tombait fort. Je faisais des allers-retours entre le restaurant et le bateau, et là, la houle a commencé à rentrer dans la baie. Les quais se sont mis à monter et descendre d’une façon pas mal inquiétante. Pris d’un pressentiment, je suis allé voir Normand qui dormait toujours à bord, l’ai réveillé, et lui ai demandé de s’habiller, de mettre au moins son pantalon de ciré, de placer ces bottes prêtes et de se recoucher, ce qu’il fit. J’ai aussi démarré mon moteur et l’ai laissé tourner au ralenti. La marina était pleine, et le grand quai extérieur avec tous les grands bateaux subissait une pression énorme avec ce vent, et les bateaux placés sur les joints de quais qui montaient et descendaient commencèrent à avoir des problèmes. Les défenses remontaient sur les quais, et les boulons des joints ont entamés plusieurs coques. Aidé du préposé de la marina et de quelques capitaines, nous patrouillons les quais, replaçant des défenses et vérifiant les amarres.

 

  À un moment, je m’étais réfugié dans la capitainerie pour me réchauffer. Claire et Normand étaient là avec moi, ainsi que plusieurs équipages, et les haut-parleurs de la VHF de la marina se sont mis à cracher un mayday qui venait d’un voilier qui était parti plus tôt de Rivière-du-Loup vers Tadoussac. Je ne me rappelle plus du nom du bateau, mais c’était un Contessa 26 avec 3 personnes à bord. Sans GPS, très peu en avaient à cette époque, ils avaient perdu leur position et se retrouvaient maintenant dans des vagues de plus de trois mètres, avec une visibilité complètement nulle. La Garde-côtière faisait compter le gars pour essayer de le localiser par radio…il comptait, un…deux…trois…quatre…recommençait encore et encore, et là il s’est mis à crier dans la radio ‘’J’suis dans les roches!… j’suis dans les roches!’’…et le contact à coupé. La Garde-côtière l’appelait sans discontinuer, mais ils n’avaient plus de réponse. Nous étions tous sous le choc! Pourquoi ce gars, qui devait le savoir comme nous tous car c’était bien annoncé, était-il parti de Rivière-du-Loup par un temps pareil? J’ai su par la suite que cet homme, très expérimenté et avec ce Contessa très marin, avait décidé de partir malgré le mauvais temps annoncé, sûr de ses qualités de marin, sûr de son bateau. Sa femme ayant refusé de monter à bord, ils sont partis lui et ces deux invités ce jour-là de Rivière-du-Loup, et n’ont jamais été retrouvés par la suite, ni eux, ni aucune parcelle de leur bateau. Ils croient qu’ils se seraient abîmés à marée montante dans la batture aux alouettes, moi j’opterais plutôt pour l’île rouge ou l’île aux Lièvres…mais bon…quelle importance? Imaginez la pauvre femme restée seule à Rivière-du-Loup... Juste d’y penser j’en ai froid dans le dos! Cette tragédie nous a marqué, bien sûr!

 

 La baie de Tadoussac en de meilleurs jours

  Revenons dans l’action, car nous n’étions pas au bout de nos peines à la marina de Tadoussac! C’est vers les 15h que les premières chaînes qui tiennent les quais extérieurs aux blocs de ciment qui sont au fond de l’eau se sont rompues. Les sections de quais se sont alors mises à monter et descendre de plus en plus haute, à mesure que la marina se déformait. Le préposé a alors ordonné d’évacuer tous les gros bateaux de cette section. Il ventait alors à environ 40-45 nœuds et la pluie tombait à l’horizontale. Nous avons aidé les bateaux à évacuer, forçant comme des bœufs pour décoller les coques compressées par le vent sur les quais. Je me rappelle que des femmes ont débarqué, laissant leur mari seul sur leur bateau, refusant d’embarquer. Ça gueulait, ça pleurait! Un homme s’est engueulé avec le préposé, refusant net d’être évacué sans sa femme, mais celui-ci a détaché le bateau. Nous l’avons poussé contre son gré et il n’a pas eu le choix!

 

  Malgré le grand quai extérieur maintenant presque vide, les chaînes ont continué à se rompre, et c’est alors que les joints d’aluminium entre les sections ont commencé à s’arracher. Les préposés et les marins courraient partout, attachaient les quais entre eux avec des amarres sur les taquets. Les sections entières se tordaient et les bateaux ont commencé à s’entrechoquer avec ceux des autres sections. Je vous avoue qu’à ce moment, je croyais bien que la marina au complet se retrouverait bientôt dans les roches au fond de la baie! J’avais vraiment peur! Sous les ordres du préposé, M. Antoine Marquis, nous avons alors tissé une vraie toile d’araignée de câbles entre un gros trawler d’acier blanc et les quais. Ce bateau faisait face au large, et après avoir mis son moteur en marche avant, ils ont réussi à remettre un peu les quais dans de meilleurs axes. Ils ont ordonné l’évacuation de tous les bateaux des sections extérieurs, donc Aloha 1 devait aussi partir. Je suis allé chercher Claire en haut, et quand nous sommes revenus, des sections de deux quais de 8 pieds de long (2m44), montaient et descendaient à environ 45 degrés au rythme de la houle, et nous empêchaient de rejoindre le bateau. Un ami nous a alors prêté des vestes de sauvetage que nous avons enfilées, et nous tenant par la main, synchronisés entre deux houles, nous avons traversé en courant vers notre bateau, non sans une sacrée frousse!

 

  Nous avons aidé les derniers à partir, dont le Alberg 30 qui était à notre épaule, et ça a été notre tour. Là, je vous avoue que j’avais vraiment peur, mais je tentais de rester stoïque face à mon équipage. Ceux qui connaissent la marina sauront que pour sortir des quais intérieurs vers la plage, il faut aller contourner le dernier quai dans un étroit passage entre la plage et le quai. Avec un vent qui soufflait de côté à 40-45 voir 50 nœuds, j’avais très peur que le bateau refuse de tourner. Moteur à fond, je fus surpris de la facilité avec laquelle mon bateau vira face au vent, sans dévier le moins du monde. Un bateau de 10 000 livres avec 45% dans la quille, ce n’est pas très affecté par le vent, je vous jure!

 

  Il devait être environ 16 h quand nous sommes allés nous ancrer dans la baie avec les 15-20 autres bateaux qui avait été évacués. Seules les plus vieilles sections de la marina, les vieux quais avec des jonctions en fer, ont tenu le coup. Tous les joints d’aluminium des nouveaux quais ont lâché et se sont rompus. Les quelques bateaux sur ces vieilles sections ont pu rester là, et le gros trawler blanc avec son moteur a tenu la marina en place, et ce, durant toute la nuit qui a suivi et une partie du lendemain. Si ce trawler n’avait pas été là et que les préposés de la marina n’avaient pas eu l’idée de mettre sont puissant moteur à contribution, je pense que les trois-quart de la marina se serait retrouver dans les roches au fond de la baie avec des conséquences bien plus tragiques! Je tiens ici à rendre hommage à tout le personnel en place cette fois-là, de leur sang froid, mais surtout celui d’Antoine Marquis, qui avait diriger toutes ces opérations.

 

  Mais revenons sur Aloha 1. La baie de Tadoussac est très abrupte, avec un fond de roche de très mauvaise tenue pour les ancres. Les plus gros avec leur 30 mètres de chaîne n’ont pas eu de problèmes, mais nous avec seulement 5 mètres de chaîne et du câblot, nous avons chassé 2 fois dans la nuit, tout remonté, se repositionner, etc. Je dois ici souligner un fait. La deuxième fois que nous avons chassé, j’étais aux commandes et tentait de tenir le bateau face au vent, et Normand est allé pour lever l’ancre, qui était à pique. Au bout de quelques minutes, Normand me cri «Je ne suis pas capable! je ne suis pas capable!». Effectivement, épuisé, il n’arrivait plus à remonter l’ancre. Je regarde Claire et lui dit «Tiens la barre» Elle me fait non de la tête, se précipite à l’avant, s’empare du câblot d’ancre, et tasse Normand de là sans ménagement. Elle s’assied sur le pont les deux pieds biens campés de chaque côtés, et lève l’ancre en moins d’une minute. Je vous ai déjà dit qu’elle a des nerfs d’acier? En plus de ça, c’est une femme forte, une fille de la campagne, et elle n’a jamais eu peur d’une ancre, ni d’une écoute, ça je vous l’assure! Pendant que la plupart des femmes pleuraient d’inquiétude pour leurs capitaine au restaurant de la marina, Claire était sur Aloha 1 et subissait bravement toute ces épreuves! Difficile de trouver mieux comme équipière, n’est-ce pas?

 

  Durant ces heures d’ancrage, j’avais instauré des quarts de 2 heures chacun, donc nous essayions de dormir quatre heures à tour de rôle, toujours un placé dans la descente à surveillé, les autres couchés avec bottes et cirés, car derrière nous il y avait plusieurs bateaux pas loin, donc très peu de temps pour la manœuvre dans ces vents de fou. Le bateau se promenait de droite à gauche avec un «cling!» à chaque fois que le câblot changeait de côté dans le davier. Normand était de quart et me parlait à un moment, car j’étais couché près de la descente avec un œil bien ouvert, mais en fait, je dormais réellement, et il parlait tout seul! Un œil pour le bateau, un œil pour le capitaine! Sur certains des autres bateaux, des capitaines seuls n’ont pas réussi à s’ancrer du tout. Ils ont du tourner en rond dans la baie toute la nuit. Tous les bateaux de la baie gardaient contact par VHF entre eux et avec la marina. Au matin, certains ont été ravitaillés en diésel par des zodiac envoyés par la marina.

 

 Aloha 1 (Grampian 30 1981)

  À un moment dans la nuit, j’ai remarqué un chalutier qui tournait en rond dans la baie. Il a tourné ainsi toute la nuit. Il avait un câble à l’eau à l’arrière, et je me suis demandé, mais quel foutu débile pêche en pleine nuit dans la baie par un temps pareil? C’était en fait un chalutier dont l’immense bloc de ciment avait chassé, et qui s’était mis à dériver dans la baie, entraînant plusieurs voiliers et bateaux avec lui dans une belle pagaille. Les gens de la marina ont trouvé à terre un jeune qui pilotait des pneumatiques de croisière aux baleines, l’ont emmenés à bord du chalutier pour l’y mettre aux commandes, et il a tourné en rond ainsi toute la nuit, parce que le propriétaire ne pouvait se rendre sur place. Au matin, les Garde-côtes l’ont pris à l’épaule de leur navire sur le gros quai de ciment. Imaginez ce jeune de 18-19 ans qui n’avait jamais rien piloté de plus gros qu’un pneumatique et qui s’est retrouvé aux commandes de ce chalutier en pleine tempête dans la baie encombré de bateaux. Ça a du être toute une expérience!

 

  C’est sûrement difficile à imaginer pour ceux qui n’ont pas connu cet orage. Vous savez ces averses très fortes que nous avons parfois l’été lors de grains et qui ne durent que quelques minutes, mais d’une force incroyable?... et bien ça ressemblait à ça, mais la pluie était horizontale avec des vents entre 40 et 50 nœuds, et ça a duré environ 24 heures sans arrêter. Impossible de respirer face au vent, et bien sûr, impossible de rester sec sous ce déluge! Ciré ou non, au bout d’une minute, c’était comme avoir été immergé, et ceux qui connaissent le coin savent que même au mois de juillet, ce n’est pas chaud la nuit là-bas! La nuit ça a du descendre autour de 8-10C, si ce n’est moins. Le lendemain matin, certains bateaux ont décidé de remonter le Saguenay pour aller trouver une marina. Ils ont presque tous été refoulés par les Garde-côtes. Nous ne savions pas à ce moment ce qui était en train de se passer en haut du Saguenay. Dans l’après-midi, la marina a enfin accepté que nous allions nous accoster au quai de gaz, juste le temps d’aller manger et d’aller sécher du linge. Il pleuvait encore abondamment et les vents n’avaient guère baissé. Nous avions deux grands sacs-poubelle pleins de vêtements trempés, et ce que nous portions sur nous n’était pas mieux. Nous n’avions plus aucun vêtement sec! En débarquant et en allant parler avec les préposés de la marina, nous avons compris l’ampleur de ce qui se passait en haut. Les barrages avaient commencé à céder, et des maisons étaient emportées par les eaux. Tout ça était retransmit en direct par les postes de télévisions dans le restaurant de la marina. Plus aucun pont n’était praticable entre Tadoussac et Québec, ce qui compliquait la venue de plongeurs pour réparer les chaînes de la marina. Nous avons dû retourner à l’ancre, mais au moins, nous avions à présent des vêtements secs. Un pur bonheur, une sensation de confort indescriptible après toutes ces heures mouillés et gelés!

 

  Plus tard, en début de soirée, le vent ayant enfin baissé dans les 20-25 nœuds, nous avons pu enfin avoir un quai à la marina. Il pleuvait toujours, mais ça tombait oblique! Certains des bateaux partis le matin sont revenus avec des histoires de fous, de toits de maison qui descendaient le Saguenay, et de maisons entières! Des histoires de marinas dans des rivières, ayant étés ensevelis par la boue, et dont seuls les mâts des voiliers dépassaient à la surface. Un qui avait remonté pas mal, un gros cruiser avec une moto-marine sur un support, nous a raconté avoir sauvé la vie d’un veau pris sur une île, en le faisant monter avec lui sur son sea-doo! J’aurais voulu voir ça! À un moment ce jour-là, la VHF s’est mise à transmettre un message incroyable. «Sécurité, sécurité, sécurité. Une marina avec quatre-zéro bateaux, je répète, quatre-zéro bateau est présentement à la dérive et descend la rivière Saguenay bla…bla..bla…». Quoi? J’ai bien entendu? Une marina avec quarante bateaux descend toute seule dans le Saguenay? C’était carrément du délire!

 

 Embouchure du Saguenay

  En allant nous promener dans Tadoussac le lendemain, des militaires sont venus nous voir. Ils voulaient nous évacuer sur Québec par hélicoptère! Euh…non merci Monsieur, j’ai mon bateau! Oh? D’accord alors, mais ne rester pas dans le coin, sinon on vous embarque! Ok… on retourne au bateau alors! Ils ont ainsi pris tous les touristes, des centaines de personnes, les ont mis dans des hélicoptères Apaches à deux hélices, et les ont évacués à Québec. La ville habituellement animée et pleine de touristes en cette période de l’année, avait maintenant des allures de ville fantôme, comme dans les vieux films western de notre enfance!

 

  En nous promenant, nous avions vu l’annonce d’une pièce de théâtre, et le soir, c’était probablement le 21 juillet, nous nous sommes rendus là. C’était dans une école il me semble. On arrive là et il n’y a personne… aucun spectateur…que nous trois assis dans la première rangée. Un gars s’avance, je lui dis « Monsieur, nous sommes désolés, mais si la pièce est annulée nous comprendrons! » Les acteurs sortent alors sur la scène, et viennent nous voir. Nous allons vous faire la pièce, qu’ils nous disent…mais non voyons, ce n’est pas grave! Pas question Messieurs, Dame! Nous ferons cette représentation pour vous trois! C’était une pièce qui présentait plein de petites parties de pièces célèbres, sur le thème de l’Amour. Roméo et Juliette, Tristant et Iseult, etc. Ils ont eu droit à un très émouvant «standing ovation» de toute la salle! Nous étions conquis!

 

  Plusieurs bateaux, tous les voyageurs qui venaient de Québec, Montréal ou les environs, avaient quitté le 21. Tous avaient eu leurs vacances gâchées, ils semblaient traumatisés par tout ça, et se sont dépêché de partir par petits convois, comme pris d’une envie soudaine de foutre le camps de là au plus vite. Moi j’ai dit à mon équipage, écoutez... ce n’est pas arriver de mémoire d’homme une telle tempête ici en été! Jamais! Jamais, et ce depuis des centaines d’années! Donc, je présume que ça n’arrivera pas encore d’ici quelques jours, non? Ils annoncent encore 20-25 nœuds aujourd’hui, et toutes les marinas en montant vont être pleines. Prenons notre temps, attendons quelques jours et profitons de nos vacances. Nous partirons quand il fera vraiment beau. C’est ce que nous avons fait le 23 ou 24 juillet.

 

  En partant vers Cap-à-l’Aigle, il y avait près de l’embouchure du Saguenay et jusqu’à 4-5 miles au large sur le fleuve, une ligne de débris qui suivait la côte nord. Nous sommes restés très au large de ces débris. Il y avait des frigidaires, des bouts de maison, des tanks de propane immenses du type qu’on tire derrière un camion. Par contre, nous n’avons pas vu de marina avec quarante bateaux! Rendus à Cap-à-l’Aigle, nous nous sentions tout à coup, comme si toute cette aventure n’avait été qu’un mauvais rêve.

 

  En conclusion, ce furent évidemment des vacances plus mouvementés que ce que nous avions anticipé, mais au fond, je ne pourrais pas dire que ces événements nous aient vraiment traumatisé moi et Claire. Personne à bord n’a été blessé, et Aloha 1 n’a subit aucun dommage. Par contre, ce que je peux vous dire, c’est que c’était la première fois que nous revenions d’un voyage avec autant de choses à raconter. Voilà donc l’aventure d’Aloha 1 et de son équipage dans le déluge du Saguenay. Merci d’avoir lu, et j’espère que ça vous aura plu!

 

Le Poète

 

Alain Lavoie

 

Note: Pour voir la vidéo, cliquez sur ce lien: ==>  vidéo déluge du Saguenay

Tag(s) : #Histoires Vécues
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